jeudi 14 juin 2012

Jacques Ferrandez et l'Algérie

Un lecteur avisé attirait, il y a quelques jours, mon attention sur une exposition du Musée de l'armée :



L'enthousiasme passé, le doute m'assaille : comment présenter cet évènement (que je n'ai pas encore vu) sereinement ? L'exposition retrace l'histoire de la colonisation française en Algérie, de la conquête en 1830 à l'indépendance en 1962. Discutée avant (comment les militaires peuvent évoquer objectivement ce pan de l'histoire ?), la qualité de l'approche fait aujourd'hui consensus. Les pages du Figaro, de Médiapart ou du Point confirment l'intérêt de la démarche. Je leur laisserai donc la parole et reviendrai sur le travail de Jacques Ferrandez dont les planches pontuent la visite.
Que vient faire un auteur de Bande dessinée dans cette histoire ? Lisez cette interview ou plongez dans ses "Carnets d'Orient" pour le comprendre. Jacques Ferrandez, né à Alger en 1955, auteur-illustrateur, débute sa série en 1987. On se retrouve alors en 1836, sur les traces de Joseph Constant, peintre français fraîchement débarqué à Alger et tombé sous le charme oriental, comme tant d’artistes de l’époque. La passion pour ce pays n'est pourtant pas source de compréhension et l'artiste s'y brûlera les ailes. Les générations suivantes, empruntant les mêmes chemins, connaîtront les même espoirs et désillusions. C'est cette immense affection associée à un certain aveuglement que Jacques Ferrandez raconte dans ce premier cycle qui s'achève en 1954. L'auteur reprend le fil de l'histoire en 2002 avec un second cycle narrant la période de la guerre de 1954 à 1962.




C’est avant tout une grande aventure que l’on découvre dans ces pages, des personnages attachants, des histoires familiales avec leurs drames et leurs joies et sans y prendre garde, on fait la connaissance de ce pays si proche et si loin. Les prestigieuses préfaces attestent d’ailleurs de l’importance du travail de l’auteur : Benjamin Stora ou Bruno Etienne pour n'en citer que deux.
˜
Commentaire d'un lecteur anonyme mais non moins prestigieux :
 Je ne sais par quel aspect commencer, le dessin, les aquarelles et pastels,  les cartes postales, la documentation et la lumière qui baigne l'Algérie. Voilà une série qui nous montre les relations complexes entre la France et l'Algérie. Tous les comportements dans chacune des communautés sont abordés sans complaisance. L'Histoire et les histoires s'entremêlent.
˜
Une balade parisienne se profile donc avant le 29 juillet prochain et d’ici là, les lectures ne manquent pas avec, évidemment les "Carnets d’Orient" mais aussi "Les voleurs de rêve, cent cinquante ans d'histoire d'une famille algérienne" de Bachir Hadjadj, ou encore "L’Algérie des origines à nos jours" de Jean-Jacques Jordi dans une collection jeunesse à la fois riche et très abordable, aux éditions Autrement.
Sandrine