mercredi 31 août 2011

Would you like a cup of tea, Miss austen?

200 ans exactement après la publication du premier roman de Jane Austen, Sense and Sensibility, soit Raison et sentiments pour les aficionados français, il est temps de lui rendre hommage sur cet espace.
Je ne suis certainement pas la première et encore moins la dernière à faire grand cas de cet écrivain mais le plus surprenant est l’engouement que ses romans entrainent encore deux siècles après ses premières publications. Preuve à l’appui, Les Watson, œuvre inachevé, a été vendu près d’un million d’euros à la bibliothèque Bodléian de l’Université d’Oxford, en ce début de mois d’août, quand Sotheby’s n’en attendait « que » 300 000.
De sa vie, on sait peu de choses malgré de nombreuses recherches, sa sœur ayant détruit la plupart de leur correspondance. Née en 1775 et décédée en 1817, avant dernière d’une fratrie de huit, Miss Austen est issue de la bonne société anglaise, société dont elle fera le portrait tout au long de sa carrière littéraire. Grande lectrice depuis son plus jeune âge, ses premiers écrits relèvent de la parodie de romans en vogue qu’ils soient gothiques ou sentimentaux. On sait qu’elle ne se mariera jamais et sera donc toujours dépendante de sa famille, excepté les dernières années, après publication de ses romans. Ils lui rapporteront un petit pécule et donc une certaine indépendance financière, privilège rare pour une femme à l’époque. Après la publication de deux de ses œuvres à titre posthume, elle retombera dans l’oubli jusqu’à la parution en 1869 de « A Memoir of Jane Austen » par son neveu. Le public redécouvrira ses œuvres avant que les « janeites », érudits et universitaires, clament que les foules l’aiment sans comprendre toutes les subtilités de son œuvre et se l’approprient à leur tour.
Critique réaliste de la société du début du XIXe ? De la condition féminine ? Il est certain que Miss Austen a su charmer des générations de lecteurs grâce à ses talents de narratrice, ses personnages tous plus attachants les uns que les autres, ou son ironie, parfois mordante. Ses héroïnes sont souvent des femmes cultivées, pleines d’humour et d’esprit, raisonnables… ou pas, mais surtout, parfaitement lucides quant à leur condition et décidées à ne pas se laisser entraîner dans des relations qu’elles ne souhaitent pas. Elisabeth Bennet, personnage principale de Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés) incarne la quintessence même de ces personnages « austiniens » !


A titre personnel, j’ai un faible certain pour Anne Elliot, personnage centrale de Persuasion (bientôt dans nos collections).
Anne Elliot, jeune femme de 27 ans, anciennement jolie mais convaincue de finir vieille fille, retrouve son amour de jeunesse. Le jeune homme, lieutenant de la Navy et sans fortune à l’époque, ne plaisait guère à la famille de la demoiselle qui dut rompre leurs fiançailles. L’histoire tourne donc autour de cet amour renaissant.
 Ce roman est l’un des derniers écrits par Jane Austen et reste celui de la maturité. Si l’humour et la moquerie n’y sont pas absents, les personnages y sont plus chaleureux, moins caustiques et réservés.
Il s’agit toujours de mariage, de vanité moquée mais surtout de respect et d’affection car nombreux sont les protagonistes charmants, non pas mus par le seul désir de se faire une place parmi les puissants que de vivre en bonne entente avec ceux qu’ils aiment.
Alors oui, les histoires d’amour, qui d’ailleurs se finissent bien, sont souvent au centre des romans de Jane Austen mais s’arrêter à cet aspect de ses récits serait fort dommage. Il y a bien plus à apprendre de son œuvre qu’on ne se l’imagine.
Evidemment, il y aura toujours des réfractaires…


Maud