jeudi 5 janvier 2012

Stabat Mater

ou l'incursion d'une oreille ignorante dans la musique sacrée 


Après une écoute émue du Stabat Mater mis en musique par Pergolèse en 1736, la curiosité m'a menée vers d'autres interprétations de ce poème religieux composé au XIIIème siècle. Commençons donc au commencement...

Petite histoire
Le Stabat Mater est attribué au moine franciscain Jacopone da Todi. Il relate les souffrances de Marie lors de la crucifixion de Jésus Christ. Cette séquence fut exclue de la liturgie romaine par le concile de Trente, réunit entre 1545 et 1563 en réaction aux réformes protestantes. Le Stabat mater échappe cependant à l'oubli du fait de sa popularité et est officiellement réintroduit en 1727 pour la fête des sept douleurs de la Vierge (15 septembre).

Le Poème


Latin

Français

1ère strophe

Stabat Mater Dolorosa
Juxta crucem lacrimosa,
Dum pendebat filius.

Debout la mère douloureuse
Près de la croix était en larmes
Devant son fils suspendu.

Le poème se compose de 20 strophes dont les 8 premières narrent les souffrances de Marie, alors que les 12 suivantes forment une supplication adressée à la vierge.

Les Compositeurs
Nombreux sont ceux qui ont mis ce poème en musique. La bibliothèque dispose de 6 compositions :
Antonio Vivaldi compose une oeuvre brève (moins de 20') pour voix solo (contre-ténor), choeur et orchestre en 1712 pour l'église de Brescia, ville natale de son père. La quasi totalité des vers de supplication évoqués plus haut est éliminée pour ne laisser que 10 strophes.

En 1736, Giovanni Battista Pergolesi (Pergolese) compose dans les dernières semaines de sa vie, alors qu'il n'a que 26 ans. Il n'entendra jamais l'exécution de sa partition. Il s'agit là aussi d'une commande qui prendra la forme d'une oeuvre pour 2 voix alternant solo et duo, accompagnées d'un orchestre à cordes. L'ensemble des strophes est conservé et divisé en 12 mouvements.
A la retraite d'une carrière consacrée essentiellement à l'opéra, Gioacchino Rossini compose la première partie de son stabat mater en 1832 à la demande d'un archidiacre madrilène. Il achèvera la composition de l'ensemble de l'oeuvre en 1841. Les voix solo, le choeur et l'orchestre rappelle fortement l'opéra italien sur certains mouvements.
Antonin Dvorak crée en fait 2 stabat mater. L'un en 1876, pour quatre solistes, chœur et piano et l'autre, l'année suivante, pour lequel il remplace le piano par l'orchestre. Le compositeur vient de perdre successivement ses 3 enfants et se jette dans la musique pour oublier son chagrin. Paradoxalement c'est, pour lui, le début d'une reconnaissance internationale.
En 1896-1897, alors qu'il a plus de 80 ans, Giuseppe Verdi compose "Quattro Pezzi Sacri", à la mort de Giuseppina Strepponi, sa femme. Parmi elles, le Stabat Mater est une oeuvre très brève (13') pour soliste, choeur et orchestre.
Enfin, Francis Poulenc crée son Stabat Mater en 1951, en hommage à Christian Bérard, un ami décédé. il choisit les mêmes 12 mouvements que Pegolese et compose pour soprano solo, choeur et orchestre.


Pour se faire une idée



In fine, mon coeur balance vers Pergolese, mais aussi pour le "Eja Mater" de Vivaldi lorsque l'urgence de la musique contraste avec la douceur de la voix ; le "stabat mater dolorosa" de Dvorak, dont l'introduction évoque une musique de ballet... Et vous ?
Sandrine