mercredi 5 octobre 2011

Une aiguille dans une botte de foin...

J’étais partie pour vous parler de la rentrée littéraire, ses 654 parutions, ses prix d’automne quand soudainement la tâche m’a paru insurmontable. Repérer la petite perle parmi cette multitude relève parfois de la gageure même si le nombre de nos acquisitions est bien moindre. Je suis évidemment bien loin d’avoir tout lu, les ayant reçu en même temps que vous mais je pourrais déjà vous en citer quelques uns, de ceux qui se font plus discrets, qui sont parfois nominés pour certains prix mais sans trompette ni fanfare et pourtant, il serait dommage de ne pas prendre le temps de s’y arrêter un instant...

 
Les oreilles de Buster de Maria Ernestam chez Gaïa est le journal intime d’une femme de 56 ans. Présent d’une de ses petites filles, elle décide d’y raconter son histoire : de son enfance traumatisée par une mère tyrannique dont elle fera tout pour se débarrasser à son amour pour les roses. Le sujet pourrait se révéler cruel et pourtant, le ton est doux et feutré.

Nestor rend les armes de Clara Dupont-Monod chez Sabine Wespieser : Nestor est obèse. Il a petit à petit construit un mur de chair entre le monde et lui, la nourriture est devenue son refuge. Il n’a qu’une seule contrainte, aller chaque jour rendre visite à sa femme dans le coma à l’hôpital. Et si quelqu’un parvenait malgré tout à franchir sa carapace ? Clara Dupont-Monod aime les êtres en marge et sait les rendre attachants.

Du domaine des murmures de Carole Martinez chez Gallimard : Au XIIe siècle, la jeune Esclarmonde préfère se faire emmurer vivante et se donner à Dieu plutôt que d’épouser l’homme brutal que son père lui a choisi, se retirer du monde plutôt que d’en subir les assauts. Ecriture poétique pour un sujet original.

Et puis il y a Une nuit à Reykjavik de Brina Svit chez Gallimard. Ah, Brina Svit. Rares sont les auteurs dont je lis toutes les œuvres, sans doute parce que les tentations sont nombreuses et ma curiosité sans fin. Il arrive pourtant que certains parviennent à m’hypnotiser suffisamment pour qu’à chaque nouvelle parution, je jubile. Brina Svit est une auteure slovène, dont les premiers romans étaient écrits dans sa langue maternelle avant qu’elle ne se mette directement à écrire en français (il faut dire que la dame est diplômée de philosophie française et de littérature comparée). Elle sait nous parler de ce qui la passionne : le tango, la peinture, la musique, la littérature, l’amour… sans jamais lasser. Il est souvent question de femmes à un tournant de leur vie, qu’un modeste grain de sable vient bouleverser. Histoires faussement simples, douce mélancolie distillée tout au long du récit, personnages perdus dont on voudrait parfois être les parfaits contraires mais n’est-ce pas justement parce qu’ils nous ressemblent qu’ils nous dérangent tant ?
Si « Une nuit à Reykjavik » est sorti, je vous conseille « Un cœur de trop » et « Coco Dias et la Porte Dorée », autres petites perles à (re)découvrir !
Interview de l'auteur par Angèle Paoli sur son site "Terre de femmes"

Maud