vendredi 24 juillet 2015

Laurent Gaudé

Né le 6 juillet 1972, est un auteur très beau gos…euh je veux dire très talentueux ! Ne vous méprenez pas sur mes intentions. Cet article est uniquement destiné à vous prouver sa grande qualité littéraire. Si si, j’vous jure.
Mais cela ne m’empêche pas de vous montrer une photo, ça ne mange pas de pain, n’est-ce pas ?



C’est un auteur fidèle à la maison d’édition Actes Sud, que l’on aime beaucoup aussi à la bibliothèque !



J’ai découvert son œuvre complètement par hasard, avec La Mort du Roi Tsongor. J’avais reçu ce livre comme cadeau d’anniversaire, et je me disais que je pouvais le lire en allant à la fac, dans le tramway bordelais, pour faire passer le temps. Or, j’ai raté mon arrêt ! Je me souviens de ce moment terrible où je ne pouvais plus décoller mon nez du texte. Il est tout simplement magnifique (le texte, hein, pas Laurent…quoique). Cette histoire raconte comment un roi essaie de se sacrifier pour éviter une guerre qui aura tout de même lieu. Etant une fanatique absolue de l’Iliade, j’y ai tout de suite reconnu les éléments narratif et stylistique de l’œuvre épique d’Homère. Deux hommes se disputent une femme, Samilia, la fille du roi Tsongor. Tandis qu’elle s’échappe, son père se suicide, pensant que sa mort stoppera la guerre imminente. On suit le vieux serviteur du roi, qui veille sur sa dépouille et lui parle.
C’est un texte extrêmement émouvant, qui met en parallèle différents personnages, de tous les camps, de tous les niveaux sociaux et on entre vraiment dans leurs pensées et leurs sentiments. Comme dans Homère, le lecteur est amené à voir à quel point la guerre est une absurdité et à quel point l’homme peut se montrer égoïste : les 2 prétendants qui sacrifient des milliers de guerriers pour leur petit profit ; la belle Samilia qui fuit parce qu’elle ne veut pas choisir ; le roi qui se suicide en croyant que le monde tourne autour de lui. Bref, ce texte a obtenu le Prix Goncourt des Lycéens en 2002, puis le Prix des libraires en 2003, et c’est tout à fait normal !

Et depuis, il en a fait d’autres, tout aussi géniaux !
Je voudrais citer en particulier La Porte des Enfers, sorti en 2009.



« Au lendemain d’une fusillade à Naples, Matteo voit s’effondrer toute raison d’être. Son petit garçon est mort. Sa femme, Giuliana, disparaît. Lui-même s’enfonce dans la solitude et, nuit après nuit, à bord de son taxi vide, parcourt sans raison les rues de la ville. Mais, un soir, il laisse monter en voiture une cliente étrange qui, pour paiement de sa course, lui offre à boire dans un minuscule café. Matteo y fera la connaissance du patron, Garibaldo, de l’impénitent curé don Mazerotti, et surtout du professeur Provolone, personnage haut en couleur, aussi érudit que sulfureux, qui tient d’étranges discours sur la réalité des Enfers. Et qui prétend qu’on peut y descendre… Ceux qui meurent emmènent dans l’Au-Delà un peu de notre vie, et nous désespérons de la recouvrer, tant pour eux-mêmes que pour apaiser notre douleur. » (source : site de l’auteur) Et voilà ce père au bord du gouffre qui voit renaître un but dans sa vie : récupérer son fils aux Enfers et le ramener chez les vivants.
Ce texte est tout simplement reversant ! Laurent Gaudé parvient à réutiliser tous les codes de la mythologie pour insuffler à son récit une dimension épique et cruciale dans la vie de cet homme complètement désemparé. A lire encore et encore !

Pour finir, je vais vous parler d’un livre très court, Cris, sorti en 2001. C’est son premier roman.

 
« Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M’Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d’où ils s’élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l’insoutenable fraternité de la guerre de 1914. Loin devant eux, un gazé agonise. Plus loin encore retentit l’horrible cri de ce soldat fou qu’ils imaginent perdu entre les deux lignes du front : « l’homme-cochon ». A l’arrière, Jules, le permissionnaire, s’éloigne vers la vie normale, mais les voix des compagnons d’armes le poursuivent avec acharnement. Elles s’élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité, prenant en charge collectivement une narration incantatoire, qui nous plonge, nous aussi, dans l’immédiate instantanéité des combats, avec une densité sonore et une véracité saisissantes. » (source : site de l’auteur)
Les images de la guerre des tranchées sont tout simplement inoubliables. Le ton est à la fois dur et tendre, les personnages ne sont que des enfants à qui on a donné un fusil et des ordres absurdes. On change totalement de registre par rapport aux deux précédents, mais peut-être pas, parce que dans La Mort du Roi Tsongor, on trouve également cette vacuité de la guerre.
C’est un de mes coups de cœur absolus, vous l’aurez deviné.
Vous pouvez lire bien d’autres romans de Laurent Gaudé, nous en avons quelques uns, et ils sont tous d’une qualité remarquable !


A bientôt !
Bérengère