vendredi 6 juin 2014

Gustav Klimt : troisième partie.

3)               La période dorée : 1903 à 1909

C’est cette période qui, par la suite, restera dans les mémoires du public, quand on évoque la peinture de Klimt : des toiles claires, brillantes où les personnages sont peints dans des postures très originales, et sont entourés de volutes multicolores, sur des toiles de grand format.
Tout comme avant de changer de période et de passer dans la Sécession, Klimt a connu un changement assez singulier d’esthétique avant de passer réellement dans la période dite dorée.
Les premières prémices de ce changement se voient dans la toile nommée Judith et Holopherne qui date de 1901.

 On voit sur cette toile une femme, qui est à la fois très belle mais aussi très sûre d’elle, très inquiétante et très sensuelle. Elle met le menton en avant, d’un signe de défi, elle a les yeux presque clos, en signe de sensualité. On peut voir ses seins, dont un entièrement dénudé. L’œil du spectateur est frappé par les éléments dorés du tableau, dont le cadre où le titre est inscrit. Il faut suivre le bras droit de la femme pour trouver la tête de sa victime, Holopherne, qu’elle a elle-même décapité, selon la légende. Klimt n’a pas représenté la décapitation elle-même mais plutôt la satisfaction de Judith après qu’elle a décapité Holopherne. Le tableau ne porte donc aucune trace de sang. Tout l’accent est mis sur la femme, et sur l’idée qu’en a Klimt : une créature à la fois belle et inquiétante, sensuelle et froide. Le tour de cou doré de Judith donne aussi l’impression que sa tête est détachée de son corps : de là à y voir un rappel de la décapitation…


Mais l’œuvre qui marque cette transition de façon encore plus poussée et dont j'ai parlé dans le précédent article s’appelle la Frise Beethoven, en 1902. Elle a des dimensions dantesques : 2.16 m de haut et 29.95 m de long. Par conséquent, je ne mettrai que certains détails de la frise en photos.
Elle a été construite, plus que peinte, puisqu’elle fait appel à des matériaux différents tels que le plâtre, la nacre, les roseaux, l’or, les pierres semi précieuses.
Cette frise cherche à exprimer en images la Neuvième Symphonie de Beethoven, et s’inscrit dans un travail plus large, puisque ses amis de l’atelier vont monter une exposition qui tourne autour d’une statue du compositeur faite par Klinger. Pour cela, Klimt s’inspire d’un article écrit par Richard Wagner, qui a mis des mots sur cette symphonie. Ces mots racontent une histoire, et c’est cette histoire que Klimt met en images dans sa frise.
Le sujet de la frise est simple et tourne autour du fait que l’Homme recherche le bonheur. La frise met en scène un personnage : dans le détail 1, on voit un homme qui, vêtu comme un chevalier, dans une armure entièrement dorée représente l’humanité qui part à la quête du bonheur. Il est poussé par le Destin, et semble choisi pas les dieux (les deux personnages au-dessus de sa tête).
Cet homme va devoir traverser et vaincre de nombreux dangers pour arriver au salut de l’Homme. C’est ce que l’on peut voir dans le détail 3, avec le monstre en forme de singe, les femmes rousses et très sensuelles qui représentent la luxure et la présence de serpents qui évoquent le mal.
Or dans la frise, on voit que l’homme arrive à vaincre ces obstacles, aidé en cela de la personne que l’on voit sur le détail 2 : la Poésie, reconnaissable grâce à sa lyre. Elle est là pour le guider à travers les épreuves. Enfin, quand le chevalier a passé toutes les épreuves, il peut rencontrer l’amour et sceller cet amour dans une étreinte passionnée, dans un baiser qui signe la victoire de l’Humanité sur le mal (détail 4).
Le problème est que l’œuvre est surchargée d’allégories que le public n’a pas comprises, et l’absence de perspective a troublé grandement les spectateurs qui ont rejeté en bloc l’exposition sur Beethoven.

1905 : Les trois âges de la femme
Voici la toile qui exprime un thème régulier de l’œuvre de Klimt : une enfant, une femme jeune, et une femme vieille, avec toutes les questions sur l’impossibilité d’échapper à la vieillesse et à la mort.
  






1907-08 : Danaé
  On retrouve un thème mythologique, qui nous renvoie à ses débuts. C’est un épisode de la mythologie grecque, très sensuel puisqu’on voit Danaé qui reçoit la pluie de pièces d’or de Zeus entre ses cuisses. La pose est très érotique, on voit un sein, on voit la jeune femme d’un angle très peu banal, puisqu’on voit sa cuisse relevée au premier plan du tableau. La pluie de pièce est dorée, les cheveux de Danaé sont roux, d’un roux flamboyant qui représente la sensualité et l’érotisme. Ici Klimt brise un des tabous de l’époque : la représentation de la jouissance sexuelle de la femme.

1907-08 : Le Baiser
  Ce tableau est considéré comme le chef d’œuvre de Klimt, et c’est celui que tout le monde a à l’esprit quand on parle de lui. C’est cette toile qui symbolise la période dorée. Le format de cette toile est carré, on a un couple enlacé, dans  une étreinte qui semble à première vue être de l’amour. L’homme prend possession de la femme en prenant son visage fermement entre ses mains. La femme a une posture figée, ses mains sont crispées, et son visage est inexpressif. Ses orteils sont crispés au bord de ce qui semble être un précipice.
De ce tableau se dégage une atmosphère inquiétante, où la vision de l’amour est atténuée par une vision plus angoissante, qui dit au spectateur que tout peut finir précipitamment, que la mort est toujours associée à l’amour.
Voilà pour la période dite dorée de notre cher Gustav ! 
Il nous restera encore une dernière période à décortiquer ensemble, sa période Fauve ! "Roooaaoooaoaoaoaoarr", me direz-vous ! Ah non, pas ce fauve-là ! 
Quels blagueurs vous faites ! A bientôt ! 
Bérengère.