vendredi 13 juillet 2012

Découvrir Stefan Zweig aujourd'hui,

C'est un peu comme réaliser enfin que la terre est ronde... mais il n'est jamais trop tard !

Tout a commencé par une Bande dessinée : "Les derniers jours de Stefan Zweig", adaptation du roman du même nom et du même auteur, Laurent Seksik, illustré par Guillaume Sorel.
En 1941, Stefan Zweig et son épouse, Lotte, débarquent au Brésil, fuyant cette Europe déchirée par la guerre et le fascisme. Six mois plus tard, le couple met fin à ses jours. Ce récit, mélant fiction et réalité, décrit la spirale de désespoir qui submerge l'écrivain viennois face au monde qui s'écroule. Sa femme, après quelques tentatives pour le ramener vers la lumière, l'accompagne jusqu'au bout.
Comme il n'y a pas d'âge pour les préjugés imbéciles (pléonasme ?), Stefan Zweig était, dans ma mémoire paresseuse (cela remonte à l'adolescence), un auteur classique... un peu ennuyeux, décrivant les états d'âme de la grande bourgeoisie européenne, dont il est issu. Certes l'époque est passionnante, Vienne magnifique, mais les idées reçues ont la vie dure.
Je découvre finalement un humaniste épuisé par son impuissance à changer le monde. Et bien au-delà, une langue riche et puissante qui guide au-delà des apparences, met en lumière la folie, les égarements humains sans jugement mais sans concession. De plus, ses nouvelles restent furieusement d'actualité. 

"Le joueur d'échec", édité après sa mort, narre l'affrontement autour d'un échiquier entre le champion du monde en titre et un inconnu, sur un bateau menant ses passagers vers le Brésil. Le premier est un jeune arrogant totalement ignorant du monde qui l'entoure hormis son univers. Il est dit de lui : "Comment un si prompt succès n'eût-il pas grisé une cervelle aussi vide ?... Comment voulez-vous qu'un petit paysan du Banat, âgé de vingt et un ans, ne soit pas ivre de vanité en voyant qu'il lui suffit de déplacer des pièces sur une planche à carreaux, pour gagner, en une semaine, plus d'argent que tous les habitants de son hameau n'en gagnent en une année de bûcheronnage et autres travaux éreintants ?" Le deuxième, discret à outrance, révèle petit à petit son parcours qui l'a mené aux portes de la folie.

"Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme", Nouvelle également, parue en 1927, se déroule dans une petite pension de la Riviera. Une femme en villégiature, mariée, deux enfants, apparemment honorable, disparaît en compagnie d'un inconnu qui semblait également tout à fait respectable. La nouvelle bouleverse la micro société d'estivants. Seul le narrateur ose avancer l'hypothèse que cette femme n'est pas forcément un monstre du fait de son geste quelque peu inopportun. Son attitude attire l'attention d'une vieille dame anglaise qui se confie alors à lui.

D'autres nouvelles s'ajoutent à ces deux premières, ainsi qu'un roman et de nombreuses biographies, parmi lesquelles Marie-Antoinette, Marie Stuart...
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Guillaume Gallienne offre une fois de plus une très belle entrée en matière dans son émission "ça peut pas faire de mal", à écouter sans modération.
 
Sandrine