mardi 6 janvier 2015

Dans la famille Lomax, je voudrais le père (John Sr) et le fils (Alan)


Le nom de Lomax vous dit sans doute quelque chose, même si vous n’êtes pas un féru de musique américaine originelle. La famille Lomax, sous la houlette du père, John (1867-1948), a contribué à nourrir les archives de musiques traditionnelles dont les chants de prisonniers noirs et les blues du Sud profond.

John, ancien professeur de littérature anglaise, se passionne rapidement pour les chants de cow-boys et dès 1910, se lance dans une collecte des ballades traditionnelles pour la bibliothèque du Congrès. Son ouvrage Cowboy songs and other frontier ballads lui apportera une certaine popularité comme folkloriste grâce, notamment, à la préface que Roosevelt lui consacra. Après quelques déboires professionnels qui le détourneront un temps de l’enseignement mais non de sa passion pour les chants traditionnels, John embarque sa famille, dont son fils Alan (1915-2002). Ils partent alors en quête de chants et musiques du Sud des Etats-Unis, notamment ceux de la population noire, toujours victime de la ségrégation au début des années 30. Cette rencontre directe avec le blues du Mississippi va profondément marquer le jeune Alan, alors âgé de 18 ans.




Le blues n’est évidemment pas une nouveauté et les producteurs de disques se sont déjà fortement intéressés aux Race Records, comme ils les appellent, mais les Lomax n’ont pas attendu que les artistes viennent à eux. Prison, fermes de coton, églises, la famille Lomax n’hésite pas à traîner un phonographe enregistreur de 150kg sur tous les chemins pour se confronter à cette musique ensorcelante. Son House, Bulla White, Muddy Waters ou Leadbelly, enregistré pour la première fois en prison, vont faire partie de leurs découvertes !



Cette aventure est retracée dans le roman graphique Lomax, collecteurs de Folk songs de Frantz Duchazeau chez Dargaud, auteur qui avait déjà évoqué son amour du blues dans le Rêve de Météor Slim chez Sarbacane.




Evidemment, la musique afro-américaine ne sera pas leur unique marotte : les minorités hispaniques, les blancs pauvres puis les chants traditionnels européens permettront d’étendre ces magnifiques archives sonores !
Alan, très engagé politiquement à gauche, devra en effet quitter les Etats-Unis suite à la période du Maccarthysme et parcourra le monde en quête de chants et musiques traditionnels d’Irlande, d’Angleterre, de Russie ou encore des Caraïbes…
Si vous souhaitez en savoir plus sur le blues, la bibliothèque vous propose une magnifique exposition, prêtée gracieusement par la BDY, et ce jusqu’au 17 décembre, et créée par Blues en Seine. Je ne peux que vous conseiller leur site Itinéraire Blues et ses retransmissions radiophoniques de FIP ou Le Mouv’ sur l’aventure Lomax :
http://www.itineraires-blues.com/dossier-le-pays-ou-naquit-le-blues-dalan-lomax-sur-fip/
http://www.itineraires-blues.com/dossier-les-archives-dalan-lomax-sur-le-mouv/
Sans compter l’intégralité des enregistrements disponibles sur le site Cultural equity.