Pourquoi est-ce que je vous parle de cet homme ? Eh bien, parce que je viens de lire une biographie romancée sur ce personnage extrêmement fascinant, et j’ai adoré ! C’est Dans la gueule du loup d’Olivier BELLAMY, chez Buchet-Chastel.
L’histoire commence à Paris en 1932. Avec sa femme Lina et leurs deux enfants, Prokofiev est en exil dans la capitale française. Leur vie est assez sereine cependant : il reçoit des journalistes et compose beaucoup, tandis que son épouse éconduit doucement les voisins qui se plaignent du bruit que fait le piano à queue à 3 heures du matin...
N’ayant peur de rien, Prokofiev croit pouvoir conserver sa liberté de composer, même face à l’ogre Staline, et décide de retourner avec sa famille en URSS...dans la gueule du loup.
J’ai été transportée par ce texte qui nous plonge dans l’intimité du compositeur, et nous donne une image de lui que je ne connaissais pas, celle d’un homme sinistre, persuadé d’être le plus grand génie de la musique, après Mozart. Un homme qui ne recule devant rien pour assouvir sa soif d’écriture, même à ignorer totalement sa famille. J’ai été bouleversée par ce livre, que je vous recommande !
Du coup, j’ai eu envie de vous parler de cet homme et de sa musique, que j’adore !
Né en 1891 et mort en 1953, Prokofiev est un compositeur russe qui a laissé derrière lui une multitude de morceaux d’anthologie. Il était également très bon pianiste. Dès son plus jeune âge, il compose des œuvres musicales, aidé par sa mère, pianiste amateur, qui vit très tôt les talents exceptionnels de son enfant. Elle lui fait prendre des cours de composition et de piano à Moscou. A 13 ans, il entre au Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Durant ces années d’apprentissage, il apparaît comme un enfant particulier : imbu de lui-même, convaincu de sa supériorité par rapport aux autres élèves et même par rapport à ses professeurs, il montre un caractère totalement anticonformiste.
Il développe un style résolument avant-gardiste, et dès 1912 fait jouer à Moscou son premier Concerto pour piano, qui recueille un fantastique succès.
Fier d’un tel engouement à son égard, Prokofiev décide de partir à la conquête de l’Europe. Entre 1915 et 1917, sillonnant les grandes villes européennes (Londres, Paris), il est boulimique de composition, écrivant plusieurs œuvres en même temps, dont la fameuse Symphonie classique.
Après un séjour aux Etats-Unis, il revient en Europe en 1921. Il continue à composer de façon frénétique, avec plus ou moins de succès, mais, dès 1927, il se languit de son pays et songe à y retourner.
En 1933, il revient au pays. Prokofiev est un homme qui a provoqué de terribles débats en URSS. Son style a été décrypté sous toutes les coutures, certains l’accusant d’être trop bourgeois, trop obscur, pas assez communiste. Cependant, il organise des tournées qui remportent un franc succès, et en 1936, il s’installe de façon permanente à Moscou.
En 1935, il compose le ballet Roméo et Juliette, puis, en 1936, une autre œuvre extrêmement célèbre du Russe, Pierre et le Loup. Cette dernière est très intéressante puisqu’elle a pour but de familiariser les enfants avec les instruments et la musique classique.
Je vous laisse apprécier la Danse des Chevaliers, dans Roméo et Juliette.
Dans cette vidéo, vous pouvez voir l'intégralité du ballet, grâce aux archives de l'Institut Européen de la Musique.
(chorégraphie de Rudolf Nureyev).
C’est là qu’il va se lancer dans la musique de films, grâce à la sollicitation de Sergueï Eisenstein, en 1938, sur son film Alexandre Nevski.
En 1940, il entame une liaison avec la poétesse Mira Mendelssohn, qui deviendra sa seconde épouse. Elle est d’abord sa secrétaire et sa librettiste.
En 1941, les Allemands envahissent l’URSS. Prokofiev quitte alors sa première épouse et ses deux enfants pour s’enfuir dans le Caucase avec Mira. Ce sont tout de même des années prolifiques pour le Russe qui compose : Guerre et Paix (opéra), Cendrillon (ballet), et la Cinquième Symphonie.
En 1948, remarié à Mira, il essuie une nouvelle fois les critiques du Parti, et doit composer des œuvres sans intérêt, pour essayer de se faire bien voir. C’est un échec qui le fait retomber dans la misère. Heureusement, son ami Mstislav Rostropovitch va l’aider à récolter un peu d’argent pour vivre.
Le 5 mars 1953, Prokofiev, déjà d’une santé cardiaque fragile, meurt d’une hémorragie cérébrale, le même jour que Staline. Les journaux, qui ne souhaitaient se consacrer qu’au décès du Petit Père des Peuples, ne mentionnèrent le décès du compositeur que 6 jours après sa mort effective.
La légende veut que Prokofiev, ayant entendu à la radio l’annonce de la mort de Staline, aurait poussé un cri de joie qui s’est révélé être son dernier souffle.
Nous avons dans nos collections quelques unes des œuvres de ce compositeur génial :
Bonne écoute à tous !
Bérengère.